Introduction

Selon la Banque mondiale, les transferts de fonds envoyés par les Libanais de l'étranger ont atteint 5,7 milliards de dollars en 2024, soit 31 % du PIB. Au-delà de ce poids économique, la diaspora dispose d'un droit de vote aux élections législatives depuis 2018. Sur les 3 967 253 électeurs inscrits en 2022, 225 624 sont rattachés à des circonscriptions à l'étranger, soit 5,7 % du total.

Dans un système électoral où le scrutin et le découpage confessionnel des sièges rendent chaque pourcentage déterminant, cette proportion devient un enjeu politique. Plusieurs circonscriptions affichent des taux d'inscription diaspora supérieurs à 7 % (Nord III : 10,8 %, Beyrouth II : 7,2 %). Cette présence alimente des débats récurrents sur la représentativité territoriale et les équilibres confessionnels.

Pourtant, peu d'analyses détaillées documentent le profil de cette population. Les débats mobilisent souvent des généralités sans bases factuelles, et rédisuisant les expatriés à une vision simpliste.

Ce rapport établit une radiographie statistique des 225 624 électeurs diaspora, comparés aux 3 741 629 résidents, à partir des listes électorales 2022 du ministère de l'Intérieur libanais. L'analyse se structure en trois volets : I. Profils sociodémographiques et confessionnels (âge, sexe, confession), II. Géographies d'origine et destinations mondiales (gouvernorats, cazas, pays d'inscription), III. Modèles prédictifs et impact électoral (facteurs d'inscription diaspora, circonscriptions sensibles). Aucune interprétation causale n'est formulée : le rapport documente factuellement les écarts observés, sans spéculer sur leurs origines historiques ou leurs conséquences politiques futures.